L’Open VLD bruxellois voit bleu. Els Ampe a dénoncé devant le parlement une diminution considérable de l’espace réservé à la voiture ces 10 dernières années, précisant que cette situation ne pouvait perdurer. L’élue VLD envisage même de se rendre au tribunal si la Région devait oser implanter une piste cyclable sur l’avenue Franklin Roosevelt.
Vous lisez bien : la présidente de groupe parlementaire du plus grand parti néerlandophone menace la majorité, dont elle-même fait partie, de l’assigner en justice.
Frustration libérale
La frustration libérale concerne la politique de mobilité bruxelloise. Cette politique, que Groen et Ecolo ont eux-mêmes contribué à baliser, avec le plan iris 2 (le Plan régional de Mobilité), met l’accent sur les piétons, les cyclistes et les transports en commun. Cette politique de mobilité a amené la création de plus de zones 30, davantage de pistes cyclables, de sites propres pour bus et trams, à l’obligation d’élargir les trottoirs… Avec pour conséquence que la voiture a en effet dû partager une partie de l’espace qui lui était dévolu.
Au sein du Parlement, Els Ampe s’est récemment exprimée ainsi : “Il y a, actuellement à Bruxelles, autant de voitures qu’il y a 15 ans. Seulement, la politique de mobilité des dernières années a tellement limité la place accordée à ces voitures, que cette place est devenue insuffisante. Nous avons donc nous-mêmes causé les embouteillages à Bruxelles.”
L’Open VLD est de toute évidence demandeur de la suppression des bandes bus et sites propres des trams, ainsi que des pistes cyclables. Il suffit de regarder la Ville de Bruxelles, où Madame Ampe siège au sein de la majorité, pour constater la mise en pratique de pareille politique. Au sein de notre Région, les seules lignes de bus dont la qualité du service a diminué se situent comme par hasard dans le pentagone, la diminution du nombre d’arrêts y est frappante. Les conséquences tangibles ne se sont pas faites attendre : 30 % de voyageurs en moins sur ces lignes de bus. Et sur l’avenue Adolphe Max, une piste cyclable a été sacrifiée pour augmenter le nombre de places de parking.
Le raisonnement de l’OpenVLD à Bruxelles semble à première vue logique. Si l’on réduit l’espace dédié aux voitures, mais qu’il reste autant de voitures, il y aura naturellement des files. Si l’on fait l’inverse, les voitures continueront à rouler. Si ce récit peut, de prime abord, sembler tenir la route, il ne résiste toutefois pas à l’analyse. Il fait en effet fi de la réalité.
Examinons les chiffres. En 1999, quelque 660.856 personnes travaillaient à Bruxelles (navetteurs et Bruxellois confondus) alors que 46.450 Bruxellois travaillaient à l’extérieur de la région. Cette situation représentait environ 350.000 déplacements en voiture. En 2010, 714.110 personnes travaillaient à Bruxelles (navetteurs et Bruxellois confondus) alors que 61.139 Bruxellois travaillaient à l’extérieur de la région. Et pourtant, une baisse du nombre de déplacements en voiture a été constatée. Il n’y a donc pas plus de voitures, il y en a moins, et ce grâce à de nombreuses personnes qui se rendent dorénavant sur leur lieu de travail à pied, à vélo, en transport en commun ou en covoiturant.
De la place pour 380.000 voitures
Si ces personnes s’étaient déplacées aussi souvent en voiture individuelle qu’en 1999, il aurait fallu prévoir de la place pour 380.000 voitures, soit 80.000 voitures en plus qu’actuellement. Pour stationner ce nombre de véhicules, nous aurions besoin d’un bon km², soit l’équivalent de la superficie d’une commune comme Koekelberg ou Saint-Josse. Nous ignorons comment l’OpenVLD envisage les choses mais même en supprimant les bandes de bus et les pistes cyclables, nous n’aurions pas suffisament de places pour que 80.000 voitures supplémentaires circulent et stationnent à Bruxelles. Sans parler de la pollution de l’air supplémentaire que cela générerait. Nous n’avons pas créé d’embouteillages, nous avons simplement sauvé Bruxelles de l’immobilité absolue.
Ce que nous partageons avec l’OpenVLD, c’est l’ambition de mettre fin à ces embouteillages. Si l’on veut garantir à toutes et tous le droit de pouvoir se déplacer aisément, il n’y a qu’une solution : nous devons encore faire beaucoup plus pour les piétons, les cyclistes, et le transport en commun. Si tout le monde veut se déplacer en voiture à Bruxelles, alors plus personne ne bougera d’un centimètre. Laissons donc la voiture à celles et ceux qui n’ont d’autre choix, et dépêchons-nous de garantir aux autres des trottoirs confortables, des pistes cyclables sécurisées et un transport en commun rapide et efficace. C’est seulement ainsi que nous préserverons la santé et la qualité de vie des Bruxellois.
Bruno De Lille (président de groupe Groen au Parlement bruxellois) & Céline Delforge (députée Ecolo au Parlement bruxellois)
Deze opinie verscheen op 26 oktober 2016 in L’Echo. Je leest ze hier: http://www.lecho.be/agora/analyse/Ma_voiture_ma_liberte_l_OpenVLD_persevere_dans_sa_vision_conservatrice.9824463-2338.art